Le giron maternel: un écrin à l'air libre.

Ma mère aimait se raconter, par bribes, autour d'une tasse de thé lorsque l'atmosphère cotonneuse d'une fin d'après-midi portait à la confidence. Un jour elle me confia son inquiétude pour son plus jeune fils, celui porté tardivement, la trouille au ventre "Pendant cette grossesse, je vivais des terribles insécurités et je suis certaine de les lui avoir transmises"

Elle savait d'instinct ce que la Science commence à établir, preuves à l'appui. Dans son édition du 4 octobre  2010, Time Magazine titrait: "How the first nine months shape de rest of your life" (Comment les neuf mois de la grossesse modèlent le reste de votre vie)  

En résumé, les recherches démontrent que les conditions dans lesquelles une grossesse se déroule influent directement sur le développement du cerveau et des organes vitaux comme le foi, le coeur, le pancréas. L'environnement extérieur, les polluants etc, tout comme l'équilibre émotif de la mère prédéterminent la santé ultérieure de l'enfant, tant sur le plan physiologique que psychologique. Et ces incidences sont cruciales, comme un creuset qu'il sera difficile de modifier par la suite.

Grave constat. On aime s'imaginer avec ravissement le bébé à naître flottant dans une bulle éthérée, recroquevillé sur lui-même, suçant son pouce avec nonchalance dans le confort utérin,  protégé contre les agressions extérieures. Il n'en est rien. La cloison est totalement perméable.

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L'enfant à naître à les sens en éveil.  Il capte, ressent, enregistre tout. Il s'abreuve de tout ce qu'il reçoit et perçoit.  L'utérus n'est pas une enceinte close où se développe un corps humain, c'est un environnement vivant, vibrant où entrent et circulent sans écran tous les stimulis qui l'entoure.  Il se développe à découvert et  s'imbibe, telle une éponge, des énergies positives ou destructives dans lesquelles baigne sa mère. 

Je me souviens avec émotion de la toute première fois où j'ai accompagné une patiente lors d'une régression dans sa vie intra-utérine. Cette dame sanglotait. Elle touchait à une tristesse vertigineuse "Je veux mourir, lançait-elle, je ne veux pas sortir, il y a trop de monde, trop de bruit. Je ne veux pas, je ne veux pas..."

Dernière arrivée d'une famille déjà trop nombreuse, elle vivait le désespoir de sa mère, en direct, sans filtre, sans distanciation avec elle-même. Ses propos alternaient entre sa conscience d'enfant et celle de sa mère, en osmose complète.  

J'étais soufflée. Elle m'a par la suite relaté que pendant cette régression, elle se fondait avec sa mère. "J'étais elle, Je ressentais tout. Je savais qu'elle ne voulait pas me voir naître, que sa vie était déjà trop lourde et qu'elle ne se sentait pas la force d'avoir un autre enfant. D'ailleurs, dès ma naissance, on m'a confiée à une dame du voisinage. Ma mère était en dépression.  Petite, je me décarcassais pour essayer de rendre ma mère joyeuse, pour lui accrocher un sourire. Je ne pouvais pas supporter de la voir si triste. Je m'étais donné cette tâche pour m'excuser d'être là, sans doute, pour justifier ma présence... "

Ramener à sa conscience ces vérités à permis à cette dame de déconstruire l'échafaudage émotif qu'enfant elle s'était bâti pour trouver sa place, son équilibre.  

Au cours de cette séance, à ce retour à cette blessure fondamentale, une brèche s'est ouverte pour panser, rassurer, accueillir l'enfant mal aimé et lui reconnaître une existence indépendante, la  libérer de l'héritage d'autrui. Une véritable délivrance. Une grande bouffée salvatrice, une grosse lampée d'amour pour soi... et cette fois, sans condition. 

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